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- Olivier Calmel -
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{ par Olivier Calmel
- le 31/08/2013 15:55:13 }
@Deb
Peut-être oublies tu aussi un peu vite que Jérôme Ducros est par ailleurs un interprète important du répertoire atonal.... - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
- Olivier Calmel -
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{ par Olivier Calmel
- le 31/08/2013 15:59:41 }
YuHirà a écrit : Je ne parle pas de Ligeti, de Saariaho, de Connesson, d'Adams, de Reich, de Lauridsen, de Dutilleux, voire même quelques rares compositeurs du courant de la Nouvelle Complexité comme Dillon
Et il y en a bien d'autres ... et de nombreux courants, considérés souvent comme 'néoclassiques' car 'consonants'.
Et il me semble bien qu'un certain nombre de points convergent pour dire que le questionnement se situe bien plus dans la notion de 'consonance' que dans la notion de tonalité.
Debussy n'est pas toujours tonal, il est toujours consonant à nos oreilles occidentales, et pour les tenants de l'atonalisme moderne il est 'tonal'.
Déjà dans l'emploi des termes, il y a manipulation fallacieuse....
YuHirà a écrit : Ce qui est important, c'est que Jérôme Ducros démontre que le discours tonal est beaucoup plus compréhensible parce qu'il correspond à quelque chose de plus naturel, de plus ancré dans la mémoire collective, que la musique atonale. Et qu'elle correspond aussi à une logique physique (cf. La succession des harmoniques d'un son). Non seulement cela n'invalide pas la musique contemporaine (diverse et variée) mais cela n'invalide pas non plus des projets esthétiques qui vont dans le sens contraire (l'harmonie non-fonctionnelle de Debussy est agréable à écouter alors qu'elle ne suit pas toujours la logique tension détente du langage tonal).
+1
Champagne c'est la première fois qu'on est d'accord je crois - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
- deb76 -
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{ par deb76
- le 31/08/2013 16:02:57 }
Olivier Calmel a écrit : @Deb
Peut-être oublies tu aussi un peu vite que Jérôme Ducros est par ailleurs un interprète important du répertoire atonal....
C'est exact Olivier, et il peut en être un excellent interprète. D'où mon incompréhension dans les choix de ses exemples qui ont été soigneusement choisis. - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
- deb76 -
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{ par deb76
- le 31/08/2013 18:21:39 }
Intéressante ta réponse Yuhira. Mais je vais te répondre sur quelques points.
D'autre part, j'a bien peur aussi que la critique que tu fais à Jérôme Ducros sur sa méconnaissance de la musique contemporaine peut potentiellement t'être applicable en ce qui concerne la théorie classique.
Dans ma longue réponse, j'ai évoqué rapidement Jérôme Ducros, et ma critique s'adressait avant tout au texte du premier lien, celui de Jacques Desjardins. Sinon, si je ne prétends pas avoir une connaissance exhaustive de la théorie classique, tu serais peut-être surpris néanmoins par ma connaissance du système tonal et notamment harmonique. Et par ailleurs, mon enfance et adolescence ont été baignées musicalement par l'écoute de Mozart et Beethoven, pour ne citer qu'eux. Je n'ai rien contre la musique classique, et j'en écoute régulièrement. Et même assez souvent dans la mesure où j'écoute quotidiennement France Musique dans la journée.
Tu sembles très bien maîtriser la set theory et tout ce qui a trait de près ou de loin à la musique stochastique, mais j'ai cru comprendre que tu ne t'intéressais absolument pas à toute la théorie qui a été développée autour du système tonal, qui est préexistante à la musique contemporaine, qui fonde cette dernière et qui quant à elle est le fruit d'un millénaire de recherches, de développement et de pratique (système qui se renouvelle également, notamment grâce au pandiatonisme adopté par des compositeurs récents comme Whitacre ou Lauridsen).
Oui, je commence à bien maîtriser la Set Theory et je continue à apprendre, mais je m'en suis donné les moyens en l'étudiant - ce qui est à la portée de tout le monde - théoriquement mais aussi en l'appliquant grâce aux outils de la ST que l'Ircam a implantés dans Open Music de façon native. Et là aussi, utilisable par tous, Open Music étant distribué gratuitement.
Pour la musique stochastique, j'en connais les principes mais je ne prétends pas la maîtriser car sa mise en oeuvre (dans le sens de Xénakis) demande des compétences de calcul que je n'ai pas. Par contre, je commence à bien comprendre la structure de la musique atonale.
Jérôme Ducros défend la tonalité contre la musique atonale en utilisant un langage théorique qui a fait ses preuves auprès du public depuis des siècles, tu défends la musique atonale en citant des systèmes théoriques complexes et très récents que seule une minorité est capable de maîtriser et dont la traduction musicale n'intéresse qu'une partie infime de la population.
Non, pas d'accord sur ta référence à Jérôme Ducros. Car, c'était avant tout une réponse au texte de Jacques Desjardins qui évoque, en dehors de Lerdahl, des chercheurs non indentifiés, dont il cite des recherches et des travaux qu'on ne peut pas vérifier. Il avance dans un verbiage pseudo scientifique des affirmations qui, si tu lis bien son texte, se contredisent et qu'il me semble avoir débusquées.
Ensuite en quoi la musique atonale s'inspire-t-elle de systèmes théoriques si complexes à maîtriser ? Le dodécaphonisme ou le sérialisme ? Allons donc. Ce n'est pas plus compliqué que l'application du contrepoint. Même peut-être plus simple.
La Set Theory ? Avec la représentation circulaire, avec la segmentation des phrases musicales ou agrégats sonores, voire accords, qui ont été répertoriés par Allen Forte dans un tableau et que chacun peut utiliser car il est mis en ligne (http://solomonsmusic.net/pcsets.htm ) et sur la compréhension des intervalles, d'une structure intervallique, c'est très pédagogique et qui plus est très simple à comprendre car visuel. Même chose pour les transpositions, c'est d'une simplicité biblique. Alors non, ce ne sont pas des systèmes complexes.
Comme à peu près tout le monde ici, je ne me suis jamais ressenti comme mathématicien quand je compose. Quand j'écoute de la musique, je ne m'imagine pas des fonctions sinusoïdales ou des suites logarithmiques, je ressens des sentiments, des choses qui font écho à mes aspirations profondes et qui me rappellent des gens que j'aime, des lieux que j'ai traversés, d'autres musiques que j'ai partagées avec d'autres.
Certes, je comprends cette réticence qui est très partagée par les musiciens. Comme si le fait d'utiliser des calculs en amont(pour dans le cadre atonal trouver des séries qui vont permettre des combinaisons, des permutations, des transpositions intéressantes) allait à l'encontre de l'imaginaire. Et bien, pour ma part, je revendique ces calculs qui m'oblige à imaginer, à inventer pour me construire un matériau, une base sur lesquels je vais travailler. Et l'objectif sera de rendre tous ces calculs initiaux musicaux. Et c'est quelque part, très jouissif. Et dans les mathématiques, en tout cas pour les mathématiciens de haut niveau (ce qui n'est pas mon cas, je précise, et ni mathématicien. Disons que je dois avoir l'esprit matheux), il y a une grande part de poésie.
Mais j'ai aussi envie de te répondre par une boutade : tu fais des maths quand tu écris de la musique. J'aime beaucoup cette citation du mathématicien Leibniz (1646 - 1716) : "La musique est un calcul secret de l'âme qui ignore qu'elle compte ". Et de fait, quand tu alignes une série de notes, "les sensations (au niveau de la perception, ndlr) sont liées aux phénomènes physiques par des lois logarithmiques ", explique l'acousticien E. Leipp (Acoustique et musique). De même, dans le système tonal, le calcul des fréquences se fait sur la base de la racine carrée de 12 avec lequel tu obtiens l'indice 1,0594 qui va te permettre de calculer chaque note de la gamme tempérée. Ce n'est pas être un mathématicien de savoir effectuer ce calcul (1,0594 * 440 Hz = 466 Hz (La#), 466 Hz que tu multiplies à nouveau par 1,0594 et tu auras ton "si", etc. Un peu plus mathématicien mais c'est du niveau du collège, on aurait le même résultat en élevant à chaque fois 1,0594 à la puissance 2, 3, 4, 5, 6, etc, et multiplié par 440 Hz. Et si tu veux un tempérament en quart de ton, 1/16e de ton, au lieu d'effectuer une racine carrée de 12, tu en fais une de 24 ou une de 48 voire de 96 pour le 1/16e de ton ).
Est-ce être un mathématicien de connaître cette loi physique et acoustique qui sera très utile dans un cadre de musique spectrale ? En plus, c'est bien connaître comment fonctionne le tempérament égal, tempéré, qui tout compte fait est d'une simplicité biblique. Et ça, il me semble qu'on trouve cette explication dans certains traités de musique du 19e siècle, non ?
La musique, ce n'est pas qu'une construction, c'est aussi un lien inexplicable avec les autres et c'est un lien avec la mémoire du monde. Ce lien préexiste d'ailleurs souvent à la construction musicale qui s'impose alors d'elle même: le travail du compositeur étant de chercher ce lien (la fameuse "inspiration") qui nous lie au reste de l'humanité. D'où l'importance d'un langage commun qui traverse les siècles et sans lequel on ne trouverait aucun plaisir à écouter Bach, le chant grégorien ou la musique ancestrale des indiens navajos ou des aztèques (je suis en plein dedans, je recommande.
Oui, ce sont des musiques intéressantes et qui souvent d'ailleurs, alimentent la création contemporaine. C'est le cas, notamment de l'Esprit des Dunes où Tristan Murail s'appuie à partir d'un travail d'analyse spectrale et de resynthèse sur les chants Mongols, trompes tibétaines, chant des moines tibétains et guimbarde.
Concernant la nécessisté d'un langage commun, je trouve qu'il perdure dans la musique dodécaphonique ou sérielle, pour ne citer qu'elles avec les notes, les intervalles dans la construction d'une série qu'on va inscrire sur la partition, là aussi commune. C'est le langage qui diffère, son organisation, sa structure, son ordonnancement. Mais la base est là . Après, c'est une question de goût, mais Webern ou Stravinsky, et ne parlons pas de Schoenberg ou Berg, n'ont-ils pas ce supplément d'âme dans leurs musiques dodécaphoniques ou sérielles ?
Concernant la construction, examine de près "le clavier bien tempéré" de J.S. Bach - qui ne fait pas, d'ailleurs l'unanimité chez tous les amateurs de classique car l'oeuvre étant jugée trop intellectuelle pour certains, trop construite - ne crois-tu pas que l'agencement, les permutations, les transpositions, les effets de symétrie, que tout cet art de la combinatoire de Bach ne provient pas d'un travail en amont extrêmement rigoureux, avec une approche quasi mathématique ? Ensuite, il y a cette construction du compositeur, les idées qui jaillissent - et dont là , je suis d'accord, il y a une part d'inexplicable dans ce jaillissement, dans cette part d'invention - et qui vont donner vie au texte musical.
Après, il y a le grand public. Déjà , si on enseignait la musique atonale en même temps que la musique tonale, tout comme si cette musique était diffusée ou jouée de façon régulière - combien d'oeuvres du XXe siècle - et je ne parle même pas d'aujourd'hui - jouées par les orchestres régionaux ou nationaux en comparaison aux oeuvres du répertoire ? Même question au niveau de la diffusion radio ?
Enfin, je ne suis pas si certain que la musique atonale soit si rejetée. Il est très intéressant d'écouter les musiques qui accompagnent notamment les séries américaines policières et où se déclinent durant quasiment tout le temps de la diffusion des séries éminemment dodécaphoniques ou sérielles. Mais les Américains n'ont pas cet ostracisme assez typiquement française contre la musique atonale.
PS : Comment se fait-il si il y a si peu d'utilisateurs, qu'il y ait sur le Net autant de documents disponibles sur la Set Theory, autant d'utilitaires mis en ligne, avec une analyse concernant la musique atonale, la construction de séries, leur analyse via les outils de la Set Theory ? Est-ce réellement si minoritaire que ça ? Et pourquoi la quasi totalité des livres consacrés à la musique atonale reprenne la notation de la Set Theory et sa représentation circulaire modulo 12 (modulo 12 qu'on utilise tous quand au lieu de dire il est 16 heures, on dit il est 4 heures (16-4=12). Alors oui, la Set Theory est très minoritaire en France mais en tout cas pas aux Etats-Unis où elle est utilisée pour l'analyse et la composition. - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
- anaigeon -
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{ par anaigeon
- le 31/08/2013 18:28:41 }
Est-il possible de parler d'objectivité en cette matière ?
J'ai l'impression que pas mal d'écrits sur le sujet sont, au contraire, pétris d'une "mauvaise foi" positive... - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
- deb76 -
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{ par deb76
- le 31/08/2013 21:40:43 }
anaigeon a écrit : Est-il possible de parler d'objectivité en cette matière ?
J'ai l'impression que pas mal d'écrits sur le sujet sont, au contraire, pétris d'une "mauvaise foi" positive...
Il y a quand même un grand nombre d'écrits objectifs et sans aucune volonté polémique dans leur description et l'analyse de la structure de la musique atonale. Les auteurs que j'ai cités plus haut, les Rahn, Perle, Forte, Cohn, Heinnemann, Lewin, sont des chercheurs/musicologues voire compositeurs qui ne cherchent pas à polémiquer mais à expliquer de l'intérieur la musique atonale.
J'ose espérer que tu constates que j'essaye de donner des pistes d'auteurs à découvrir et si possible quand il y en a des liens. J'évoquais le livre de Laurent Fichet "Les théories scientifiques de la musique" qui est très critique sur les théories qu'il analyse sans concession. Mais à chaque fois, il y a une présentation rigoureuse de la théorie qui est critiquée.
Concernant la Set Theory, méthode que j'utilise, elle n'est pas parfaite et ne répond pas à toutes les interrogations - loin de là - mais elle permet de comprendre l'organisation de la musique atonale, de sortir pour composer de la série dodécaphonique. Elle me permet de prendre une partition de Webern ou de Boulez et de la décrypter dans leur utilisation de leurs accords ou agrégats de notes, de repérer ceux qui reviennent souvent, comment ils sont transposés, permutés. Et pour moi, c'est déjà important pour ma compréhension de cette musique, dans son organisation, dans son architecture intervallique. Car plus que les notes, c'est la structure intervallique qui prime avant tout, chaque agrégat ou accord étant ramené à une structure intervallique de base pouvant-être transposée mais aussi permutée tant verticalement qu'horizontalement. Si un motif de 4 notes permet 24 transpositions, cela sera 120 pour 5 et 720 pour un hexacorde. Sans tous les prendre - le choix du compositeur -, ça permet d'effectuer des déclinaisons intéressantes, de chercher des symétries.
Et ça, je peux vous en faire la démonstration. D'ailleurs, c'était un peu mon objectif avec un sujet sur les outils sur l'atonal. Mais si c'est pour voir le sujet partir en vrille, j'avoue que ça me retient. Et dans le même temps, c'était aussi faire partager des découvertes et d'en discuter en toute objectivité. Et sans forcément y adhérer mais au moins avec des pistes de compréhension.
Mais d'emblée, dès qu'on évoque le terme atonal, on croirait invoquer le diable (ici jouer sol-do fa#, triade éminemment académique). Et c'est assez frustrant. - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par christophe Heral
- le 01/09/2013 12:22:42 }
deb76 a écrit :
Mais du coup, ça m'amène au texte de Jacques Desjardins où je ne saisis pas très bien où il veut en venir. D'emblée, en quelques phrases, il porte un jugement très négatif sur la musique contemporaine : "Le manque d'engouement, voire l'aversion, du public pour la musique contemporaine a forcé depuis quelques années autant les musicologues que les psychologues à s'interroger sur le potentiel cognitif de cette musique". Car si je trouve juste "le manque d'engouement ", le "voire l'aversion du public pour la musique contemporaine " me semble d'emblée orienter la lecture du texte dans une optique négative.
que le public ne soit pas toujours au rendez vous, c'est une chose, je voudrais juste rappeler que les cordons de la bourse culturelle (ministère) sont aux mains des compositeurs "atonaux"
tiens, une petite blague qui m'a bien fait sourire l'autre jour, savez vous quelle est la difference entre un concert de Jazz dans un club et un concert de musique contemporaine ?
les 80 personnes qui assistent au concert de jazz connaissent les noms de chaque Membre du quartet, les 80 musiciens de l'orchestre connaissent par leur nom, les 4 Membres du public - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
le heral ?
parce que je le vaurien
- Olivier Calmel -
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{ par Olivier Calmel
- le 01/09/2013 12:36:17 }
christophe Heral a écrit : deb76 a écrit :
Mais du coup, ça m'amène au texte de Jacques Desjardins où je ne saisis pas très bien où il veut en venir. D'emblée, en quelques phrases, il porte un jugement très négatif sur la musique contemporaine : "Le manque d'engouement, voire l'aversion, du public pour la musique contemporaine a forcé depuis quelques années autant les musicologues que les psychologues à s'interroger sur le potentiel cognitif de cette musique". Car si je trouve juste "le manque d'engouement ", le "voire l'aversion du public pour la musique contemporaine " me semble d'emblée orienter la lecture du texte dans une optique négative.
que le public ne soit pas toujours au rendez vous, c'est une chose, je voudrais juste rappeler que les cordons de la bourse culturelle (ministère) sont aux mains des compositeurs "atonaux"
+1, et on est bien placé pour le savoir.
Il suffit par exemple de se pencher sur le fonctionnement des commandes d'état ou de celles de l'ircam pour s'en convaincre aisément.
En revanche, comme par un heureux hasard et juste retour des choses, les orchestres subventions et associations passent souvent commande à des compositeurs classés dans les 'néo tonaux'... - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par YuHirÃ
- le 01/09/2013 15:07:44 }
+1
Champagne c'est la première fois qu'on est d'accord je crois
C'est déjà arrivé! Mais si c'est pour une coupe de champagne, je veux bien considérer que c'est la première fois
Mais les Américains n'ont pas cet ostracisme assez typiquement française contre la musique atonale.
La musique savante américaine est globalement néo-tonale, et davantage qu'en France! La musique atonale y est présente mais le plus souvent incorporée dans un contexte tonal. La critique du sérialisme la plus dure est d'abord venue des Etats-Unis d'ailleurs! Ce qui est d'autant plus étonnant que l'art étant majoritairement financé grâce à des fonds privés, il n'y a jamais eu de main mise étatique de l'atonalité aux USA...
Ensuite en quoi la musique atonale s'inspire-t-elle de systèmes théoriques si complexes à maîtriser ? Le dodécaphonisme ou le sérialisme ? Allons donc. Ce n'est pas plus compliqué que l'application du contrepoint. Même peut-être plus simple.
- Le contrepoint peut être utilisé empiriquement et de manière audible sans qu'on en maîtrise les règles. Dans le sérialisme, par définition, ce n'est pas possible puisqu'il faut définir et utiliser la série selon des règles qui ne correspondent pas à des acquis cognitifs. par ailleurs, le contrepoint rigoureux et la fugue d'école sont simplement des exercices pour la formation de l'oreille: la plupart des règles ne le sont que pour le cadre de l'exercice. Bach les viole allègrement.
- les règles tonales sont des règles "per se", qui sont d'abord le fruit d'une pratique qui trouve ses racines dans des temps très anciens. Les traités ne sont qu'une compilation de règles déjà admises. Celui qui rédige un traité ne décide pas d'imposer une règle, il la reconnaît comme une règle valable pour obtenir tel ou tel effet, ce qui est complètement différent. Les règles sérielles sont des règles statutaires qui ne correspondent pas à une réalité physique mais sont dictées par l'homme pour ordonner ce qui ne l'est pas (le total chromatique ne permet pas dégager des pôles* et donc des repères pour l'auditeur). La démarche sérielle est une démarche plus normative que la démarche tonale, plus empirique. Les règles tonales sont un peu comme un GPS qui indiquerait plusieurs directions possibles alors que les règles sérielles s'apparentent davantage comme un code de conduite: si on les viole complètement, l'édifice s'écroule de lui-même.
- sauf erreur de ma part, le corpus des règles sérielles et stochastiques est composé essentiellement de règles qui ne souffrent pas de transgression (par nature, elles ne peuvent être contredites par l'observation). Le corpus des règles tonales comporte quant à lui autant de règles que d'exceptions. Ces règles dépendent aussi des auteurs puisqu'elles sont le fruit de l'observation. Au final, tous s'accordent à dire que la règle importe peu et que l'intérêt musical prime: c'est l'oreille qui décide. C'est donc un système extrêmement souple.
* la notion de pôle est très intéressante à mon sens car c'est le seul point commun entre la musique tonale, les musiques modales et toutes les musiques contemporaines perçues comme accessibles (Dutilleux par exemple).
Mais j'ai aussi envie de te répondre par une boutade : tu fais des maths quand tu écris de la musique.
A ce compte là , je fais des maths tout le temps On n'est pas bien avancé
Concernant la construction, examine de près "le clavier bien tempéré" de J.S. Bach - qui ne fait pas, d'ailleurs l'unanimité chez tous les amateurs de classique
Cf. ce que j'écrivais au dessus. Par ailleurs, on peut faire des mathématiques et de la musique tonale, ce n'est pas incompatible, bien évidemment. Ce qui prime, c'est le résultat musical. Lorsqu'une musique est construite de manière mathématique et ne touche pas le public, alors on peut considérer qu'il y a un problème, quelque soit le système dans lequel elle s'inscrit. Reste que dans l'histoire de la musique, les musiques stochastiques ont quand même majoritairement eu un plus grand taux d'échec en matière de réception que la musique contrapuntique (l'ars subtilior n'a pas eu une grande postérité non plus). Cela ne veut pas dire qu'elles n'ont pas un intérêt (tout le monde fait ce qu'il veut de toute façon ) mais que leur potentiel divertissant reste limité. Sans doute parce qu'il manque les points de repères, ceux qu'un néophyte peut distinguer naturellement: pas de pôle, pas de répétition, pas de consonnance, etc...
Est-ce réellement si minoritaire que ça ?
Par rapport aux nombres de pages sur le net consacrées à la tonalité, je pense que oui quand même
Déjà , si on enseignait la musique atonale en même temps que la musique tonale, tout comme si cette musique était diffusée ou jouée de façon régulière - combien d'oeuvres du XXe siècle - et je ne parle même pas d'aujourd'hui - jouées par les orchestres régionaux ou nationaux en comparaison aux oeuvres du répertoire ? Même question au niveau de la diffusion radio ?
Justement, je fais partie de la génération à qui on a fait jouer et écouter de la musique atonale à tout va ... que ce soit à l'école publique ou au Conservatoire. Etant un cérébral, j'ai moi-même été un militant de ce type de musique quand j'étais ado.
Tu dis toi même que les permutations et les calculs t'intéressent, etc... Tu confesses donc que cette musique t'intéresse essentiellement pour sa dimension intellectuelle (tu ne fais pas de contrepoint d'ailleurs). Ce que tu ressens comme étant du plaisir est avant tout un plaisir cérébral.
Je crois qu'on peut supputer sans craindre de se tromper que 99% de mélomanes écoutent de la musique pour satisfaire des besoins non-intellectuels. La musique tonale remplit les critères nécessaires. La musique sérielle beaucoup moins (c'est une litote ).
NB: il ne faudra pas m'en vouloir si je ne rebondis pas au prochain post car ce genre de débat est très prenant et il faut bien que je travaille un peu! - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
- anaigeon -
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{ par anaigeon
- le 01/09/2013 18:22:35 }
deb76 a écrit : anaigeon a écrit : Est-il possible de parler d'objectivité en cette matière ?
J'ai l'impression que pas mal d'écrits sur le sujet sont, au contraire, pétris d'une "mauvaise foi" positive...
Il y a quand même un grand nombre d'écrits objectifs et sans aucune volonté polémique dans leur description et l'analyse de la structure de la musique atonale. Les auteurs que j'ai cités plus haut, les Rahn, Perle, Forte, Cohn, Heinnemann, Lewin, sont des chercheurs/musicologues voire compositeurs qui ne cherchent pas à polémiquer mais à expliquer de l'intérieur la musique atonale.
Oui, mais bon, trève de Sol Do Fa#, je n'arrive pas (et avec moi une énorme majorité d'auditeurs) à séparer l'écoute d'une certaine sensualité.
De sorte que pour le tonal, on analyse pour savoir pourquoi c'est beau (et éventuellement en créer), alors que pour l'atonal, j'ai toujours l'impression qu'on essaie désespérement de convaincre que l'on devrait trouver ça beau parce que c'est bien construit. Et ça, excuse moi, mais on s'en fout en tant qu'auditeur, cela ne concerne que le compositeur (bien entendu je sais que la construction est importante, mais la plupart des auditeurs qui trouvent un truc beau ne savent pas exactement pourquoi, et ça leur suffit). L'intérêt pour la construction ne peut venir éventuellement, pour les plus motivés, qu'en second lieu, lorsqu'on a été accroché par un premier degré, ça c'est incontournable. Ne pas tenir compte de cela, c'est se couper de 90% du public, au bas mot. - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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